Dugong transatlantique

         Long Island             

Située au Sud-Est de l’archipel des Exumas, la longueur de cette île n’est que de 128 km sur 6 km de large. Sur la côte ouest de belles plages s’affichent au cap de Santa Maria tandis que la côte au vent est rocheuse et découpée et ne propose pas de mouillage avant une quarantaine de MN.

23° 36.307’ N - 75° 20.633’ W - Hog Cay - Un havre de paix…

A seulement 30 MN de George Town, Great Exumas, ce mouillage offre un havre de paix. Le snorkeling est de bonne qualité, sans courant, mais la chasse reste difficile avec des poissons assez craintifs. A l’Est de Hog Cay, nous découvrons en dinghy une immense baie bordée d’une plage de sable blanc qui peut devenir une excellente protection en cas de fort coup de vent mais à marée haute et pour de faible tirant d’eau. La végétation ressemble à celle de Great Exumas à Stocking Island, le sable en premier plan, une roche dure et sombre juste derrière qui longe la plage puis derrière celle-ci une végétation composée de palmiers de petites tailles et divers arbustes.

Les gribs annonçant pour les trois prochains jours un vent d’Est de 20 à 25 noeuds, le Dugong va s’abriter au sud de Calabash Bay en face de Galliot Cay.

23° 38.344’ N - 75° 20.306’ W - Sud de Calabash Bay, Galliot Cay 

« Live in the sunshine, Swin in the sea, Drink the wild air » R.W. Emerson

Attention à bien mouiller sur un fond de sable. A moins de 350 mètres les fonds sont formés de plaques de sable dures et rocheuses (23° 38.161’ N - 75° 20.353’ W), la tenue est donc très mauvaise. Une fois bien installer se baigner dans cette eau turquoise sans courant est une véritable merveille. Une plage magnifique s’étend sur toute cette immense baie agrémentée par des villas chics mais non ostentatoires. Au bout de l’anse un Hôtel Beach & Resort paré de blanc dénote un peu du paysage et attend son flot de client fortuné. Nous laissons notre dinghy sur la plage et traversons un jardin enroché pour emprunter la route de la résidence Galliot Cay. Résidence privée, faut-il préciser ! Malgré les quelques constructions côté littoral l’endroit est préservé et sauvage. Une végétation authentique se mélange avec cette roche grise et des collines soulignent l’horizon sans nuage. Le snorkeling à Saint Perter’s Point au nord de notre mouillage n’offre pas grand intérêt. En revanche celui située à l’Ouest de Calabash Bay est plus attrayant. Le peu de poissons qu’apprécient la Girelle restent difficiles à tirer avec la flèche hawaïenne. De plus, ils sont très peureux. Donc nous reviendrons bredouille à toutes les plongées.  A l’Est, l’anse de Hossie Harbour est assez jolie avec ses cavernes et cette grande étendue de sable.

Le vent n’étant pas dans la bonne direction nous attendons trois jours avant de passer le Cape Santa Maria pour rejoindre Clarence Town, 47 MN soit environ 9 à 10 Heures de navigation. Si nous voulons arriver avant la nuit, il faudra partir dès le lever du jour.

Après avoir passé le cap de Santa Maria au nord de Long Island nous changeons d’itinéraire. Nous devions nous rendre à Clarence Town, la météo est calme, pas de vent et Conception Island est à moins de 20 MN. De plus sur notre carte Navionics des spots de plongée avec bouées sont indiqués. Génial ! allons-y !

Créé en 1964 se parc de 850 Hectares à la fois terrestre et sous-marin est un sanctuaire pour les oiseaux migrateurs et marins et les tortues vertes. La réserve sous-marine et le récif corallien, d’après les guides, sont splendides, allons voir ! L'île est inhabitée.

La prise de bouée et l’amarrage est sportif sur le site de Conception (23° 48.955’ N - 75° 7.442’ W.) 

Le mérou doit plonger et récupérer le bout de la bouée de diving qui est à 4 mètres de profondeur afin de sécuriser le Dugong qui n’est tenu que sur le simple cordage qui entoure le flotteur. Le courant est fort en surface, c’est pas top, mais notre envie de plongée est réel. Nous nous immergeons du bateau et descendons à la corde. Le site commence à 21 mètres. Houps ! pour une dérivante, ce n’est pas très prudent. Le courant est plus faible au fond mais nous n’irons par au-delà des 24 mètres et nous ne resterons que 40 minutes dont 20 minutes accrocher au mouillage. Visi. de 15 mètres.

Le spectacle est magnifique, les anguilles jardinières jouent à cache-cache sur le sable, les coraux sont de toutes sortes, les poissons sont d’une taille impressionnante comme le labre capitaine, les bonites, les perroquets de minuit…. Nous ne sommes pas déçus pour une première immersion en bouteille dans les Bahamas.

23° 50.980’ N - 75° 7.233’ W - West Bay - la nature a l’état pure….

Pour la nuit, nous choisissons de nous ancrer à l’Ouest de l’île. Une longue plage de sable blanc s’étend sur environ 2,5 km. Un chemin mène à la petite plage du nord où la Girelle découvre posés sur le sable deux oeufs d’oiseaux. Elle discute avec la maman qui n’est qu’à deux mètres d’elle et lui explique qu’elle souhaite juste faire des photos. C’est incroyable comme l’oiseau n’est pas inquiet, une « communication » s’établie. Entre « mère », on se comprend ! Un beau moment de partage et un cadeau hors du commun. Le lendemain, le mérou dépose sa Girelle sur la plage. Je me dirige là où les pailles en queues se réunissent le matin. A ma demande les oiseaux s'approchent de moi. A moins de 2 mètres, je peux presque les toucher. Je suis émue par tant de beauté. Ils m’offrent un ballet de légèreté et de pureté. Ils me regardent avec amour. Lorsqu’ils survolent la mer, leur plumage se pare de la couleur de l’eau et devient bleuté. J’avais espéré un jour les voir de prêt, la nature m’a gâtée merci pour cette échange de douceur.

Le snorkeling au nord de l’île, sur le récif corallien est agréable. De nombreux poissons perroquets s’amusent avec les papillons, les mérous, les sergents-major, les labres, les poissons-anges, les chirurgiens, les coffres…il y a toute la panoplie des poissons caraïbes mais pas de gros. Le corail semblent renaître.

Un seul bémol, avant notre départ un grand yacht de luxe, le LONIAN, pavillon britannique équipé d'un hélicoptère s’installe dans la baie. Une fête est organisée sur la plage avec barnum, tentes, grosses enceintes. La musique commence à nous incommoder à partir de 16h. jusqu’à minuit.

Impossible de joindre le Lonian sur le 16 : même pas de veille !

Ce lieux est un sanctuaire, l’aurait-il oublier ? Nous ne ferons pas plus de commentaires. Nous écrirons et enverrons des photos au parc national Bahamas National Trust, BNT. Encore heureux que leurs jets skis n’importunent pas en tournant autour des trois voiliers ancrés. Aucun respect pour le lieux et nous autres, les gens de la mer. Le pouvoir de l’argent rend-il irrespectueux ?

C’est à 6h30 que nous levons l’ancre pour rejoindre Clarence Town, 50 MN environ, 11 heures de navigation.

Long Island, le retour

Départ à 6h30 sous une pluie fine de Conception Island. 10h30 de près avec par endroit un courant de un à deux noeuds qui nous ralentit. Ayant levé l’ancre tôt en cette matinée radieuse il nous reste une bonne marge pour arrivée avant la fin du jour à Clarence Town.

23° 6.063’ N - 74° 56.981’ W - Long Island - Clarence Town - une bourgade bien paisible où le bleu domine...

Le mouillage avec du sable de bonne tenue est rouleur lors des inversions des marées mais reste très confortable au fond de l'anse en face de Salt Pond Cay. Un peu éloigné diront certains du ponton à dinghy qui se situe à droite du quai de Governement Dock. Mais nous apprécions cette tranquillité. Nous sommes encadrés de plusieurs plages, la côte ouest est vallonée. De jolies villas avec pontons privés y sont accrochés. Clarence Town est une bourgade douce et tranquille surtout le week-end de Pâques. Sa principale activité tourne autour du quai de déchargement, du port et de la marina privée où la houle rentre à son aise caresser les quelques yachts de pêche. Une marche dans le bourg nous fait découvrir les deux églises édifiées par le père Jérôme qui en bâtira trois autres plus au sud. Chacune sur son vallon, semblent discourir avec l’autre, l’une est catholique tandis que l’autre est anglicane. La blanche couleur des édifices éclate dans le ciel bleu de Long Island. Des étangs d’eau salée servaient de marais salants, ils étaient alimentés par des canaux creusés dans la roche et exploités jusque dans les années 1970. 

La Nissan berline louée chez Unique Wheels Rental pour 45 USD / 85.000 miles au compteur nous transporte au grès de nos envies au nord de l’île, Seymour’s étant la fin de la route. 

Le Dean’s Blue Hole est notre première étape pour un freediving. Une pensée pour Damien le fils du Mérou inscrit au club d’apnée de Guillaume Nery - quadruple recordman du monde en apnée - a immortalisé ce lieux avec une vidéo magnifique. Un chemin rocailleux nous emmène au dessus du trou qui s’étend sur 76 mètres de large avec une profondeur de 203 mètres. C’est spectaculaire. Malheureusement l’endroit est endeuillé par la mort de trois personnes en 2008 dont un ado. de 14 ans. Une plaque entourée de trois anges nous montrent qu’il faut être prudent. En effet les trous bleus sont de véritables entonnoirs, plusieurs personnes déconseillent le diving et le freedive, seul le snorkeling peut être pratiqué seul mais, qui n’est pas toujours sécurisé ! En cette période de l’année le trou bleu est sombre et des déchets de plastique l'entourent. Nager dans ces conditions n’est pas vraiment idéale. Barracudas et autres poissons caraïbes habitent les fonds. Nous sommes un peu déçus.

Léonard, propriétaire de la grotte Hamilton’s nous accompagne joyeusement sur le terrain de jeu de son enfance pour 15 USD par personne. C’est l’une des plus grandes des Bahamas. Des pictogrammes des indiens Lucayans ont été découverts en 1935. Les stalagmites et les stalactites ornent les différents passages et salles. Des puits de lumière permettent aux racines des arbres de s’y introduire. Cette grotte sert aussi d’abri pendant la période cyclonique, Léonard avec sa famille ainsi que quelques amis s’y réfugient. Il n’y a pas d’eau dans la salle principale, l’eau salée passe en contrebas et vie en fonction des marées.

Le long du Queen’s Highway, la route principale de l’île s’étend donc du nord au sud et traverse des villages typiques avec maisons en bois colorées, églises de différents confessions, écoles, boutiques. Il y a aussi beaucoup de maisons fermées, abandonnées. Est-ce dû à un exode vers Nassau, la capitale des Bahamas ? Ici peu d’infrastructure touristique, l’île a un caractère authentique.

A Salt Pond, les sloops sont mis à l’eau et se préparent à la régate qui aura lieu au mois de juin prochain. Le chemin pédestre qui mène aux ruines de la plantation de coton Adderley’s longe une baie immense où l’on apprend par des écriteaux les noms et les propriétés de certaines plantes médicinales. Un pique-nique improvisé sur une petite route transversale nous fera rencontrer cette homme qui passe son temps libre à ramasser les éponges de mer. Il nous en offrira deux. 

Une journée ne suffira pas car nous en profitons pour faire l’avitaillement en prévision de notre traversée vers les Caymans avec escales dans les deux dernières îles des Bahamas : Crooked Island et Inagua Island  = plus ou moins 10 jours d’autonomie.

Il est à présent trop tard pour descendre au sud de l’île vers Gordon’s surtout que nous venons de crever la roue arrière droite de la voiture ! Il est 18h30, c’est l’apéro time pour les moustiques qui nous envahissent pendant que nous changeons la roue. Sophie fait une demande à son ange gardien pour qu’il nous préserve, une âme charitable s’arrêtera et nous prêtera du produit anti-moustique, nous le bénissons. Nous n’aurons aucune séquelle. Prévenue par sms la responsable de l’agence de location nous propose un autre véhicule mais demain matin le temps est à la grosse pluie. Nous déclinons son offre et nous nous excusons pour se désagrément qui ne nous sera pas facturé. Nous devions rendre la voiture le lendemain à 12h30. Nous en avons bien profité, c’est le principale. Demain repos et bricolage ! Nous quitterons Long Island avec des étoiles plein les yeux pour une nouvelle île située plus à sud : Crooked Island.