Dugong transatlantique

Dugong transatlantique

Cuba, La côte nord-ouest, Janvier et Février 2019 - 1/4

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Le départ de Isla Mujeres, Mexique fût  encore une épreuve de patience. Trois heures ont été nécessaires pour obtenir notre zarpé de sortie et seulement cinq minutes à l’immigration !

A 12h45 le Dugong quitte le lagon avec douceur pour affronter le passage des deux caps entre Cabo Catoche (Yucatan) et Cabo San Antonio (Cuba). Nous mettrons 24 heures pour arriver à Los Morros. Les tourbillons et les contre-courants nous secouent une bonne partie de la nuit. Il faut dire que le Gulf Stream sans donne à coeur joie. Le vent reste néanmoins modéré entre 15 et 22 noeuds. Les dernières 6 heures se feront au moteur. L’air est bien frais en cette saison.

 

Los Morros - accueil efficace et bienveillant 

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C’est ici à l’extrême ouest de Cuba que les navigateurs peuvent faire leurs formalités d’entrée ou de sortie. Il est recommandé de s’amarrer au quai en béton afin de facilité la venue à bord du personnel administratif ainsi que du chien renifleur de substances illicites. L’entrée à Cuba ne nous prendra que deux heures pour un coût de 55 CUC c.a.d. 63 USD avec sourire et charme à la cubaine. Nos visas ayant été achetés à Isla Mujeres pour 27 euros. Un petit changement a noté : le paiement ne se fait plus à la marina mais à trois kilomètres de là, au restaurant de l’hôtel « Cabo San Antonio ». Un taxi assure la navette sans frais. Quelques cabanas indépendantes et climatisées sont en bordure d’une plage aménagée de chaises longues où le bleu apporte une touche de couleur à cette longue plage de sable blanc. Au milieu de tout cela, une truie avec ses petits gambadent joyeusement en attendant les restes des repas consommés par les cubains qui semblent apprécier ce lieu de villégiature.

Nous irons nous reposer de notre traversée dans le canal de Los Barcos.

 

 

21° 55.266’ N - 84° 49.196’ W - Ensenada Bolondron - Canal de Los Barcos - Moustiques à gogo 

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Ce canal est fort bien abrité par tout temps, large et profond (4 à 5 m). La mangrove est reine. Peu d’oiseaux mais beaucoup de moustiques… L’endroit est calme ce qui est très appréciable mais à Cuba nous ne sommes jamais seuls. A peine avons nous jeté l’ancre que des pêcheurs arrivent à la rame et nous proposent des langoustes. Le lendemain, un petit bateau de pêche hors d’âge où sèche des combinaisons de plongées passe sur notre bâbord, nous nous saluons. Le couché de soleil colore la lagune et le ciel s’enflamme à l’arrière de notre bateau. 36 MN nous séparent de La Fe. Le vent est modéré.

 


 

22° 03.794’N - 84° 16.753’ W - La Fe - La guardia fait la tronche…

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On la fait ! c’est à La Fe que nous avons mouillé par deux mètres de fond pour nous protéger d’un fort coup de vent du nord : 28 noeuds à l’abri. 

 

Notre arrivée bien avant la tombée de la nuit nous permet d’explorer le Canal de Majagual sur environ 3 MN. C’est magnifique et troublant. Des arbustes d’huitres de mangrove jouent les teintes de blanc et de rose, et font penser à des cerisiers en fleurs. La mangrove est mouchetée par les nombreuses colonies d’échassiers de blanc vêtus qui s’envolent par dizaine à notre approche et nous jouons les troubles fêtes. Les nuages se reflètent dans le rio, le haut et le bas se confondent donnant une sensation étrange d’être dans une autre dimension, l’impression de planer entre deux mondes symétriques, mystérieux. Quel plaisir, nous sommes transportés.

Deux petits dauphins sédentaires montrent leurs nageoires dorsales à plusieurs reprises dans cette eau couleur café au lait. La nuit est tranquille, la baie devient un lac argenté illuminée par la pleine lune. 

 

Le lendemain deux personnes de la Guardia nous abordent et contrôlent notre zarpé avec antipathie (ce qui est rare à Cuba). Pas de Buenos Dias, juste pour nous dire que nous devons nous déplacer et mouiller pour des « raisons de sécurité » devant le village et il n’est pas question de mettre un pied à terre ! Même pour prendre une météo. De toute façon le signal wi-fi est faible et hors de question de se rendre dans la ville la plus proche qui est à 10km.

Nous déménageons donc et remouillons dans la zone indiquée qui ne nous convient pas car elle n’est pas protégée du vent du nord et le vent justement commence à forcir. Nous retournons dans la grande baie située à 1,7 MN plus au nord. Les gardes ne reviendront pas et pour cause….. 

Bain de vase collante pour l’ancre et le pont, ça décolle sur le Dugong ! Le temps s’est rafraîchi et nous avons froid. 

 

Notre avis : si vous devez vous protéger La Fe est un excellent mouillage par tout vent mais pour le reste…..à vous de juger…. 

 

 

 

22° 04.880’N - 84° 21.188’ W -  Bahia de Guadiana - Punta Colorada - un coin de sable…

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Plus de vent ce matin ! En sortant de La Fe, à la pointe de la Bahia Guadiana, Punta Colorada nous permet de nous dégourdir les jambes. Un coin de sable où les locaux en profitent pour boire du rhum (sans modération) et manger des lambis au BBQ. Leurs déchets en témoignent malheureusement. L’eau est à 19° et ne donne pas envie d’y mettre plus que les orteils malgré un soleil radieux. Les éponges-tubes vertes, mauves, ocres délogées par la forte houle de ses derniers jours bordent le rivage et quelques grosses nacres sont venus s’échouées. Une route goudronnée mène au bout de la pointe. Les arbres la bordant ont été détruits, un ponton devait accueillir des visiteurs mais des tas de béton épars jalonnent le rivage. Nous poursuivons notre route vers un abri pour la nuit prochaine.

 

22° 12.140’N - 84° 25.474’ W -  Ensenada de Anita - le vent du nord souffle toujours …

 

Notre dernière prise de météo date de cinq jours, autant vous dire qu’elle n’est absolument pas fiable. Il faut donc être prudents. Nous changeons notre route pour l’Ensenada de Anita qui est une bonne protection une fois ancré au fond dans la zone des deux mètres d’eau. Le vent est froid, de petites rafales à 20 noeuds vont et viennent. Restons vigilants. 

Le peu de soleil laisse place aux nuages cotonneux et gris. Nous nous installons confortablement en sirotant une infusion accompagnée de biscuits secs. 

Au petit matin le thermomètre indique 17° à l’intérieur du bateau. C’est la première fois que nous avons une température aussi basse depuis que nous naviguons dans les caraïbes. 

Le vent est carrément tombé nous remontons vers le nord, 24 MN = 5 heures de nav. nous séparent de Cayo Rapado Grande. On y va !

 

22° 29.395’N - 84° 19.689’ W - Cayo Rapado Grande - de la mangrove tout autour !

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Un vent d’Est entre 15 et 20 noeuds nous porte gentiment vers ce nouveau mouillage où nous y passerons deux jours. En effet le vent d’Est plus soutenu jusqu’à 25 noeuds à l’abri ne nous incite pas à sortir de la mangrove. Depuis notre dernière escale, le paysage est moins austère. Cette première navigation à l’intérieur de la barrière de corail s’avère aisée malgré les fonds peu profond. L’eau devient turquoise et sa température augmente de deux degrés : 21°. 

Nous apercevons au loin la cordillère de Guaniguanico, une chaîne de collines et de petites montagnes de basse altitude, quel calme. Une pêcherie située à deux milles s’active. Nous voyons passer leur bateau deux fois par jour mais il ne vient pas à notre rencontre. Faut que l’on s’y mette. Demain on pêche, c’est dit !

Nous poursuivons notre route vers Cayo Jutias : 24 MN

 

22° 41.708’N - 84° 02.159’ W - Ensenada Nombre de Dios - Cayo Jutias -  çà fume !

Nous quittons Cayo Rapado Grande sous le soleil. La visibilité étant excellente nous décidons d’emprunter la route la plus courte en passant par l’Ensenada Santa Rosa qui se situe à l’Est derrière notre mouillage. La zone est peu profonde et nous enregistrons par endroit 0,40 m. sous la coque. Le Dugong frémit, il s’avance lentement. Devons-nous faire demi-tour ? Le Capitaine n’est pas du genre à renoncer mais il reste prudent. La Girelle se poste à l’étrave et les yeux grands ouverts sondent les fonds. Ouf, ça passe mais juste, juste.

 

Avec les voiles en ciseaux la navigation vent arrière est douce. Nous mettons l’ancre au phare de Tobaco ( 22° 34.551’N - 84° 15.404’ W). Comme indiqué dans le guide, il y a bien une pointe en fer qui dépasse à l’Ouest du phare, visible par beau temps et sans houle.

Un joli banc de sable, une eau turquoise à 24° et le Mérou retrouve son élément, il se jette à l’eau. Au moment de lever le mouillage le guideau refuse de remonter la chaîne. Encore une fois les doigts du Capitaine réparent : dominos et connexions en état de rouille ! 

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Notre pêche du jour se solde par la perte d’un leurre et de son hameçon, comme par hasard, un bon grain survient au moment de la touche nous obligeant à manœuvrer et nous empêchant de ferrer. La prise devait être d’une bonne taille. A présent, le vent fait le tour du compas. C’est sous la pluie fine que nous mouillons dans l’Ensenada Nombre de Dios, Cayo Jutias avec pour accueil à l’étrave un bel arc-en-ciel, sur notre tribord les fumées acides de la ville de Santa Lucia, et à l’arrière bâbord le grondement du tonnerre. Ce mouillage ne fait pas rêver. 

Notre intuition ou notre « sixième sens » nous dit de rester minimum deux nuits. En effet, le lendemain le vent du Nord s’éveille fortement, pointes à 25 noeuds. La pluie fait aussi son apparition lourde et en continue jusqu’en fin d’après-midi. Une brume épaisse se forme et recouvre la baie, la mer clapote bordant le haut des vaguelettes d’écumes blanches. Une deuxième ancre s’avère nécessaire. La principale, comme dans le lagon de Isla Mujeres, s’étant alourdie de sable, d’herbes et de racines de toutes sortes ne fait plus son office. Il est donc hors de question de mettre l’étrave hors de la baie !

 

Le lendemain nous profitons d’une petite accalmie pour aller voir la longue route construite sur la mer qui relie le continent au phare. Notre carte Navionics nous indique les passages dans la mangrove pour y accéder. Sur cette route goudronnée un homme et son fils nous disent que 15km nous sépare de la ville de Santa Lucia. Nous croisons le car Transtur qui amène son flot de touristes au bout de la pointe où se trouve un restaurant et les belles plages de sable blanc. Nous n’irons pas au bout ni d’un côté ni de l’autre vu la distance ! Au retour nous demandons un poisson pour la Girelle au bateau de pêche qui est mouillé derrière nous pour se protéger du mauvais temps. La pluie redouble jusque tard dans la nuit et le tonnerre gronde toujours.

Le soleil existe encore, le vent est tombé dans la baie de Cayo Jutias, c’est le moment de lever l’ancre pour Cayo Ines de Soto.

 

 

 

22° 47.433’N - 83° 46.121’ W - Cayo Ines de Soto - Punta Bravo - Les mongotes, vallée de Vinales

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Un arrêt au phare de Punta Jutias, pourquoi pas ! « Pas de grand voile, on déroule le génois » dit le Capitaine. Un vent arrière de sud à 20 noeuds et des grains les uns derrière les autres ne nous incitent pas à nous arrêter…mais pourquoi pas….Croyez-vous aux signes ? Nous oui !!

Au moment de se faufiler dans la passe de la Laja del Palo un coup de vent de plus de 25 noeuds nous oblige à faire demi-tour. Mieux vaut être prudents. De plus le vent forcit nous enregistrons maintenant des pointes à 29 noeuds. L’entrée par la Pasa de Boquerones va être sport : 30 à l’entrée puis 38 noeuds dans la baie….Il est 14h et nous mouillons au plus près de la côte dans deux mètres d’eau à la Punta Aguas Prietras ( 22° 45.602’N - 83° 47.219’ W) et attendons que le vent se calme. Le paysage est magnifique, nous distinguons les mongotes, petits monticules rocheux ciselés par le temps en forme de pain de sucre. La vallée de Vinales s’offre à nous avec sa campagne verdoyante et son sol de couleur ocre. Un moment de sérénité qui sera vite embrumé par la pluie, encore et encore.

Dans la petite baie fermée de Punta Bravo, entourée de mangrove avec vue sur la vallée nous nous protégeons dans six mètres d’eau avant l’arrivée d’une pluie battante et d’un coup de vent à 40 noeuds qui nous a maintenu en alerte pendant trois heures. Les deux ancres ont tenu, pas de bobo.

 

Aurions-nous quitter le Mexique trop tôt dans la saison ? 

 

 

A suivre Cuba Février - 2/2 - Cayo Levisa et la Havane

 



28/02/2019
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