Dugong transatlantique

Dugong transatlantique

Cuba, "saison 2", l'Oriente

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Un peu d’histoire : Entre Cabo Cruz et Niquero, le Granma sur la plage de Las Colorades, débarqua, le 2 décembre 1956, avec le Che, Fidel et leurs 80 compagnons venus du Mexique. C’est dans cette partie de l’île que prit naissance la guérilla castriste. 

 

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19° 50.384 N / 77° 43.989 W

L’anse de Cabo Cruz nous ouvre sa baie protégée par une barrière de corail aux eaux limpides. Le phare en pierre mis en service en 1871 domine avec majesté ce petit port de pêche où nous sommes accueillis avec beaucoup de gentillesse. Le capitaine du port ainsi qu’un jeune militaire viennent en barque à notre rencontre prendre le « permis de navigation » délivré à Cienfuegos. Ils nous indiquent que nous devrons aussi faire une entrée et une sortie dans nos trois prochains mouillages. Une formalité un peu contraignante pour certains mais pas pour nous. On apprend toujours de ces « contacts officiels »  où certaines choses semblent difficiles à obtenir (comme du gasoil) mais qui ne le sont pas dans la réalité. CAR A CUBA TOUT EST POSSIBLE !

« Tu veux du gasoil » Dit le Capitaine « ….ouais ben….faut que je demande, c’est à 30 km, le mieux c’est de faire le plein lors de votre prochaine escale à Pilon ».

Une heure après en marchant dans le village, on nous aborde. « tu veux du gasoil, pas de souci, c’est quand tu veux ». Et Hop le tour est joué. Et TOUT est comme ça. Le système D. Nous adorons. « Il n’y a plus de pain » viens ici c’est elle qui le fait, tiens prend-en un peu et reviens demain. Tu veux de la papaye bon je vais en prendre chez ma voisine…. »

La population est serviable et nous ressentons une véritable entraide entre eux. Bien sûr ce village ne compte que 544 habitants qui forme une véritable communauté. La ruralité ! me direz-vous, non,  c’est pareil dans toutes les villes ou villages que nous avons traversés depuis maintenant deux saisons. C’est l’esprit CUBANOS. Une belle leçon de vie.

 

Le snorkeling sur l’intérieur de la barrière de corail offre de jolis coraux mais peu de poissons. Les maisons aux tons pastels sont coquettes, petit jardin potager, arbres fruitiers, fleurs, poules, cochons. Les chèvres broutent sur le bord de la rue principale. Calme et tranquillité y règnent. Il n’y a que trois autos, un side-car, quelques vélos pas de motos, pas de scooters.  Quelques casa particular se sont créés. Les gens se saluent dans la rue, échangent quelques mots. Et le soleil, ce soleil qui nous tourne les sens et ce ciel bleu qui se mire dans les eaux claires. Ouah ! c’est beau, tout simplement. Merci CUBA. 

 

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A deux kilomètres un sentier archéologique et écologique nous transporte sur les pas des indigènes. Jordan nous explique la vie des premiers habitants de l’île, grotte (pétroglyphes) site funéraire, source…nous montre les oiseaux (12 espèces différentes), les papillons (170 espèces y sont recensées), le cactus sacré âgé de plus de 500 ans. Une ballade de deux heures en plein soleil nous épuise mais le site est superbe. 

 

 

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Sur le guide du Routard, il est indiqué qu’un village à 30 km mérite le détour pour ses anciennes maisons en bois avec vérandas qui se mélangent avec d’autres en pierre et à colonnes, Niquero où domine la culture sucrière.

Et Hop nous voilà dans une voiture particulière avec William qui nous servira de guide.

Nous traversons des bananeraies, des champs de tomates, de la canne à sucre… Dans quelques semaines la population cueillera les mangues sur les arbres fruitiers qui bordent la route principale, gratuitement. 

En effet ce village est intéressant et semble lui aussi en dehors du temps. La vie s’organise autour de la raffinerie de la canne à sucre. Une épaisse fumée noire s’échappe de la cheminée de l’usine et laisse une odeur sucrée dans l’air.

 

William et notre chauffeur se mettrons en quatre pour nous trouver des fruits dans les échoppes de la ville : NADA. Bon pas de souci, sans rien dire, ils nous amènent dans les Fincas et chez les copains. Des tomates, des goyaves chez l’un (non, non c’est gratuit), des régimes de bananes chez l’autre pour 2 CUC (deux régimes entiers, c’est trop !)… »

On se sent bien avec ces gens que nous voyons pourtant pour la première fois. Ils nous donnent toujours plus, partagent avec bonté, gentillesse, sourire. Une belle leçon de solidarité. Notre coeur explose de joie et de remerciements. C’est comme les pêcheurs qui viennent nous voir près du bateau en cachette. Ils sont deux dans une barque. L’un vient en nageant proposer langoustes ou poissons sans agressivité, sans insistance . Tu peut aussi passer commande pour le lendemain. On troc contre des produits d’hygiène, des bonbons, des sodas (coca), jus de fruits, gâteaux, vêtements… Tu donnes ce qu’il te semble juste. Nous préférons agir ainsi plutôt que d’aller pêcher nous même. Nous contribuons un peu à améliorer leur ordinaire. A vous yeux vous pourriez penser qu’ils sont « pauvres ». C’est vrai que cette partie de Cuba, l’Oriente n’est pas très développée mais personne ne meurt de faim et ne dort dans la rue. Leur richesse se trouve ailleurs, venez à Cuba et vous la découvrirez.

 

Cabo Cruz, où le temps s’est arrêté, une étape charmante.

 

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19° 53.884 N / 77° 19.292 W

Une belle houle secoue son équipage lors de la descente de Cabo Cruz en direction de Bahia de Pilon. Le courant nous pousse vers les falaises. Les hautes sommets de la sierra Maestra bordent toute la côte. L’arrivée à Pilon est bien balisée, nous jetons l’ancre près de l’ancien amarrage des gros bateaux de pêche. Cet endroit nous semble encore bien loin des « fastes » des grandes villes de Cuba. Une haute cheminée trône pour nous rappeler qu’il y avait une activité sucrière. Mais où se trouve le village ? Caché derrière des bosquets de mangrove, entouré de montagnes. Trois militaires arrivent en barque et mettent une heure à instruire le cahier des visiteurs. Ils nous posent des questions aussi ubuesques comme la quantité d’eau que nous avons dans nos réservoirs, la hauteur du mat et sont indécis sur la couleur de la coque du Dugong. Non non elle est grise…..Restons Zen. 

Cette remontée contre les vents dominants nous obligent de nouveau à nous ravitailler en gasoil. Comme indiqué à Cabo Cruz la station est à 2 km de l’embarcadère. Nous laissons le dinguy sur les pontons en bois occupés par les petites embarcations de pêche et prenons une carriole à cheval avec nos deux jerricans. Après quelques minutes de discussion avec notre cocher il s’avère que celui-ci est le padré de l’église de l’alliance chrétienne missionnaire. Il nous fait parcourir le village au petit trop et découvrir son lieu de culte. Est-ce un signe ? Ce village vit depuis plusieurs années avec très peu de ressource. En effet la monoculture sucrière a été remplacée par des exploitations fruitières. Les gros bateaux de pêche ne font plus escales et l’activité touristique a été développé à 15km dans la baie de Marea del Portillo. Les déplacements se font en carrioles à chevaux, à pied, à vélo. Une fois de plus, il n’y a pas de pollution sonore ! Les gens sont toujours aussi accueillants. Ils nous ouvrent le magasin d’avitaillement 30 minutes après sa fermeture. On retrouve le même types de maisons particulières colorées avec poules, cochons, chèvres, potagers et manguiers. Quelques immeubles de quatre étages sont en dehors du bourg principale. Le WIFI est disponible sur la grande place. On se demande de quoi vivent ces gens. Un village délaissé par le pouvoir central. Il ne faut pas oublier que la population de l’Oriente qui était déjà la plus pauvre de Cuba au moment de la révolution a très largement soutenu Fidel Castro en espérant des jours meilleurs. Aujourd’hui elle reste une des régions la plus pauvre de Cuba….

 

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19° 54.741’ N / 77° 10.972’ W

A 10 MN de Pilon une superbe anse en arc de cercle entourée par un cirque montagneux s’ouvre devant nous. Le mouillage très abrité de tous les vents et néanmoins un peu loin des deux hôtels en dinguy pour capturer une météo avec le WIFI. Une grosse houle qui déferle nous en empêche l’accès et le ponton « d’accueil » est en partie détruit.

Le lendemain de notre arrivée, la Guardia et un pêcheur du village nous réveillent à 6h30 pensant que nous partions le jour même. Non ! Malheureusement il faudra revenir de Pilon un autre jour : pas de météo pas de date de départ. Le WIFI étant disponible dans le village en face du mouillage, nous laissons le dinguy parmi les bateaux de pêche et visitons le bourg. Dès pieds à terre Rosalie et Margaret nous proposent des objets et divers bijoux réalisés en bois et en coquillages. Rosalie sera notre contact pour obtenir un autre rendez-vous avec la Guardia. Elle entretien le linge et troque des fruits et des légumes contre vêtements, produits d’hygiènes, mais c’est comme on peut, ils manquent de beaucoup de choses….Les enfants ainsi que les mamans accourent comme des mouches lorsque nous distribuons des bonbons. Les pêcheurs ont besoin de fil de pêche, de vêtement chaud, de téléphone portable pour appeler en cas de problème en mer et surtout de tissu pour confectionner des voiles car ils doivent ramer entre 6 à 8 heures par jour pour amener quelques livres de poissons. 

A Marea del Portillon la population vit modestement. Les poules, coqs, cochons, chèvres gambadent joyeusement autour de nous. En passant près d’un arbre à fruits jaunes, nous nous demandons si ces fruits sont comestibles. Nous voyant prendre une photo, les propriétaires de la maison, un couple de personnes âgées nous invitent à rentrer chez eux pour déguster ces fameuses groseilles jaunes confites. La recette en poche nous les quittons avec une bonne qualité de fruits à cuire. Un peu plus loin, la boulangère nous prépare des délicieux pains ronds. Par curiosité, nous pénétrons dans l’église métodista où le pasteur et sa femme sont nouvellement installés. Une conversation s’engage sur les bienfaits de la prière, les demandes, la guérison, les remerciements. Et tout de suite nous faisons le lien avec le message de Fabien, le frère de Sophie, qui a séjourné l’an passé à Abadania au Brésil pendant un mois auprès de Jean de Dieu ainsi qu’à la vie de Bruno Gröning. Tout est lié. Est-ce un signe ?

Des casas particulars et des petits restaurants sont fréquentés par quelques touristes séjournant dans les hôtels. En calèche ils arrivent aux bras de jeunes et jolies cubaines…

Rosalie nous invite à dîner. Entre temps, d’autres bateaux rentrent dans la baie (Lady’t Bee, Tiloup, Tikaroa). Eux aussi seront de la fête. Nous serons 15 personnes. Elle nous prépare un cochon, une salade de tomates et de poivrons délicieuse, des frites, du concombre, du riz avec des haricots rouges, une purée de racines de ?. Bref le FESTIN. Un bel échange. Nous sommes heureux de les avoir rencontré. Les présents que nous leur avons tous apportés faciliteront leur quotidien. Il est temps pour nous de partir, et c’est à 5h du matin que nous levons l’ancre pour Chivirico.

 

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19° 58.140’ N / 76° 24.080’ W

11h. de moteur, une chaleur accablante mais que c’est beau. Les montagnes se reflètent dans l’eau salée. Des couleurs de bleu, de vert illuminent une mer calme. Une route en corniche longe tout cette côte que nous aurions aimé la faire en moto. Des plages désertes et sauvages s’incrustent dans les rochers, des habitations sont éparpillées parfois sur les flancs abruptes des montagnes. Nous rêvassons, le Dugong avance doucement entre les algues rousses dérivantes des Sargasmes. 52 MN tout au moteur. Attention la passe est difficile d’accès à l’entrée du mouillage de Chivirico. Le mérou assure comme d’habitude avec beaucoup d’aisance, il y a à peine 10 mètres de large entre les récifs. Faut pas se louper ! C’est bon, on mouille dans 2 mètres d’eau dans un trou ceinturé de mangrove et de rochers en bordure du village. Il n’y a pas de place pour plus de trois ou quatre bateaux. Mais cette halte évite une navigation de nuit vers Santiago. Les enfants sifflent et sont tout excités par notre présence, on met la musique à fond, les pêcheurs sont actifs à pieds ou dans leurs embarcations à pétrole. Il est 18h. la pluie nous rafraîchit. Tout est calme à présent. Le lendemain Tiloup et Tikaroa nous rejoignent sous une pluie battante. Le mérou les guide, Tiloup est déjà échoué, un coup de grosse poussette avec le dinguy et la voie est libre.

Le village s’étire sur la route principale avec sa caserne militaire, son front de mer où les jeunes-femmes cherchent « le gogo » en se trémoussant une bière à la main au son de la salsa. Comme dans tous les villages cubains le WIFI est disponible sur la grand place. Carrioles à chevaux, transports en communs de tous types, les rues adjacentes que nous empruntons sont en terre battue. La population est plus distante que dans les villages précédents. Nous ne savons pas pourquoi mais nous avons l’impression de ne pas être les bienvenus. On viendra nous chercher en ville pour nous demander si le dinguy amarré à la rotonde du restaurant « El Nautico » (à droite en entrant dans la baie) est bien le nôtre. Ce jour-là nous étions seuls au mouillage ? 

 

Le lendemain après le départ de nos amis canadiens une barque déboule près du Dugong avec deux jeunes-gens de la Guardia. Ils nous demandent de partir immédiatement en prétextant que ce mouillage n’est qu’un abris de courte durée. De plus il est interdit de mettre pied à terre. Nous sommes surpris et choqués. Car personne n’est venu à notre rencontre dès notre arrivée pour nous le signaler. Nous quittons donc Chivirico manu militari.

 

Pas de formalité à remplir pour les bateaux et pour cause….

 

Nous en parlerons à notre arrivée à Santiago de Cuba. On nous explique que c’est uniquement pour des raisons de sécurité car suite à l’abdication de Raul Castro, Jeudi 19 avril à 9h du matin le parlement va élire son nouveau président. 

 

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Une navigation tout au moteur depuis Chivirico, nous longeons la côte découpée sous une chaleur de plomb.

Le mouillage se situe sur la droite de la marina avant la grande baie fermée qui est en partie une vaste zone industrielle.

L’accueil à la marina ainsi qu’à l’immigration est fort agréable. Nous avons aussi le plaisir de rencontrer la personne du contrôle sanitaire. RAS.

Cette halte est donc indispensable pour une sortie ou une entrée internationale à Cuba. Beaucoup de propriétaires laissent leurs bateaux quelques jours afin de visiter une partie de l’île. Nous n’y restons que trois nuits, pour un coût de 10 CUC la nuit à l'ancre. En effet l’an passé nous avions déjà visité la ville de Santiago et ce mouillage n’est pas vraiment idyllique. Pourquoi ?

  • les fumées noires et blanches qui s’échappent laissent une odeur désagréable de goudron lorsque les vents sont défavorables et laissent des marques jaunes sur le pont du bateau qui font penser à une robe de jaguar. Heureusement la marina a un produit très efficace le « WC 6 » un détergeant à base d’acide hyper puissant qui sert à nettoyer les toilettes. Nous faisons un stock de trois bouteilles pour un coût unitaire de 3,85 CUC.
  • impossible de se baigner dans cette eau de couleur verdâtre qui regorge de méduses urticantes, d’huile de moteur, de saletés diverses. 

Néanmoins cette pollution ne gène ni les adultes, ni les enfants qui se baignent allègrement. Ne sont ils jamais malades ? Par contre le contrôle sanitaire nous oblige nous les voileux a remplir un document prouvant que nous sommes en bonne santé.

 

Pour du diesel pas de problème même lorsque la pompe de fonctionne plus par manque d’électricité. Nous commandons avec deux autres voiliers 400 litres à Hanel (qui travaille à la sécurité) que nous chargeons à la nuit tombée. Faut pas que son chef voit le trafic… 1 CUC le litre, comme partout.

 

Nous passons notre dernière soirée en ville à écouter les airs traditionnels cubains d'abord en dinant chez Matamoros, la grillade poulet et crevettes, la spécialité de la maison est délicieuse. Puis nous irons à la Casa de la Trova où les danseurs de toutes nationalités se trémoussent au son de la salsa dans une chaude ambiance.

Pas de liesse dans les rues pour l'élection du nouveau président : Miguel Díaz-Canel (un civil de 57 ans qui n'a pas connu la révolution de 1959, a été désigné jeudi pour succéder à Raul Castro à la tête de Cuba, élu à l'unanimité, faut dire qu'il était le seul à se présenter).

 

La météo s’annonce clémence pour une belle navigation vers les Caymans. Cayman Brac sera notre première escale.

 

Au revoir Cuba ! merci de nous avoir fait découvrir encore cette année la beauté des paysages et des gens. Ces cubains qui ont partagé avec nous leur joie de vivre, leur quotidien nous ont donné une belle leçon de vie. Fiers de nous montrer leurs diplômes, les photos de leurs enfants, de leurs amis. Ils nous ont ouvert leurs maisons mais aussi leurs coeurs avec pour certains beaucoup d’émotion. Merci Cuba, Hasta Luego

 



27/04/2018
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