Dugong transatlantique

Dugong transatlantique

Cuba, la côte nord-ouest, Février 2019 - 2/4

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22° 52.846’N - 83° 31.364’ W - Cayo Levisa - Retour à la civilisation

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Après ce gros coup de vent nous quittons chanceux Cayo Ines de Soto. - Nous apprendrons plus tard qu’une tornade a fait des ravages sur la Havane ainsi que sur une partie de la côte nord faisant quatre morts ainsi que de nombreux dégâts dans la banlieue de la Havane. Nos copains à Isla Mujeres ont également subi dans la grande baie des rafales à 54 noeuds avec une houle plongeant l’étrave de leurs bateaux dans des vagues déferlants sur le pont. Le vent du nord les a glacés, le choc fut violent -

Cette partie de la côte est vraiment splendide. Nous passons devant le village de pêcheurs de Puerto Esperanza qui nous strictement interdit sauf pour de bonnes raisons… lesquelles ? Le vent d’Est nous oblige à naviguer au moteur jusqu’à Cayo Levisa où nous retrouvons la « civilisation ». Le Dugong est mouillé près du quai de l’hôtel Cayo Levisa avec une vue magnifique sur la chaine de montagne de la région de Pinar del Rio. De bonne tenue, ce mouillage n’est absolument pas protégé du vent du sud au cas où, un trou à cyclone se situe à environ 10 MN à l’ouest, Cayo Coruita (22° 47.481’N - 83° 41.687’ W) où les bateaux de pêches de Puerto Esperanza se réfugient.  

L’endroit est reposant, calme. Face à la mer les bungalows tout en bois sont noyés dans la mangrove et les palmiers. Le wi-fi, un bar, un restaurant (déjeuner hors-boisson pour 8 CUC par personne), une boutique agrémentent le tout dans un univers respectueux de la nature, ici, pas de tourisme de masse. 

Deux heures seulement ont été nécessaires au gardien de l’hôtel pour nous obtenir fruits et légumes qui proviennent certainement des cuisines de l’hôtel ! Pastèque, papaye, goyaves, poivrons, concombres et pommes de terre, tout est BIO ! Quel plaisir.  

La température devient plus clémente et nous invite à rester plusieurs jours : 20 jours. Nous découvrons l’île à pied. Des petits coquillages blancs parfois jaunes nacrés parsèment une longue plage dont le sable blanc, fin comme du talc s’étend sur quelques kilomètres, les filaos verdisse la plage situé à l’ouest où la dernière tempête l’a recouverte d’algues brunes. De petites bestioles bleues et roses attirent l'attention : « non Monsieur, ce ne sont pas des morceaux de plastique, ce sont des physalis ou vessie de mer, attention les filaments sont extrêmement urticants » et alimentent les conversations. En allant vers Punta Arena, à l’Est de l’île les arbres sont rongés, violentés par les intempéries. Les troncs décharnés résistent encore laissant apparaître leurs racines calcinés par l’eau de mer. Mais au-delà, la plage est superbe, intacte et peu fréquentée. A l’opposé de l’île vous serez seuls à vous baigner !   

Une petite incartade sur le continent par bateau pour 10 CUC par personne l’aller-retour nous tente bien même si le personnel de l’hôtel nous dit qu’il n’y a rien à voir. En effet le débarcadère à l’arrivée de Palma Rubia n’est qu’un lieu d’attente chargé de touristes, de chauffeurs de taxis et de bus. Mais en empruntant la route le paysage s’habille d’ocre et de dégradé de vert. La campagne cubaine respire le bon air et les bananeraies ont fières allures. C’est en carriole à cheval que Nino nous ballade à travers les fincas où nous achetons nos provisions en fruits et légumes pour une bonne semaine. Les gens sont très agréables, accueillants et notre guide est d’une extrême gentillesse. Pas de prix, tu donnes ce que tu veux !

« Mesdames, venez à Cuba et pour 1 CUC faites votre régime et vous aurez la banane…. » (voir la galerie de photos)

Mais en rentrant de notre escapade, la guardia nous interpelle. Lionel que nous connaissons monte à bord du Dugong pour nous fait la moral en nous expliquant que pour des raisons de sécurité nous ne devons pas laisser le bateau seul au mouillage si nous souhaitons aller sur le continent. Une personne doit toujours rester à bord, c’est la loi…..et il nous montre son livret officiel où tout est explicite. Vous vous exposez  donc à une forte amende. Abasourdis, nous nous excusons platement et lui expliquons que nous ne connaissions pas cette loi et que peut-être il aurait pût nous en parler lors de notre arrivée, que nous avons acheté deux tickets pour la navette que nous lui tendons. Il nous voit tous les jours…..nous lui indiquons que rien n’est précisé dans notre guide nautique que nous lui montrons. Nous n’aurions pas enfreint la loi si nous avions su… il nous sent de bonne fois….pour cette fois-ci pas d’amende !  

La Guardia est plus nerveuse que dans le sud de l’île. 

Lionel ainsi que son boss font du zèle auprès du bateau Sparrow, Tracy et Deryl seront obligés sous peine de prison de renouveler leurs visas à la Havane alors que les canadiens ont une autorisation de 3 mois en continue. Les autorités de Cayo Largo confirment mais à Cayo Levisa, il n’y a pas à discuter ! De plus,    

IL EST STRICTEMENT INTERDIT DE METTRE PIEDS A TERRE DANS LES VILLES OU IL N’Y A PAS DE GUARDIA ! (ben à La Fe il y avait une guardia mais nous avons pas eu l’autorisation de descendre à terre !) 

DE PLUS VOUS NE DEVEZ RIEN ACHETER ICI, SUR L’ÎLE DE CAYO LEVISA ! ALLER A LA HAVANE….. 

Nous ne ferons pas de commentaire. Si il savait….mais bien sûr qu’il le sait :

  • 40 CUC pour du gasoil piqué dans les cuves du bateau navette
  •   6 CUC pour une énorme langouste + 1 pagre péchés par un local venant du continent
  • 10 CUC pour des fruits et légumes détournés de la cuisine du restaurant et une autre fois nous avons négocié avec le chef de cuisine en direct pour 4 personnes une liste complète de denrée pour 8 CUC: courges, ananas, fromage bleu, cakes et biscuits, 24 oeufs, pastèques, tomates, goyaves, pains de mie, salade.

C’est CUBA !  

 

Bon, on va se tenir à carreaux car c’est Lionel qui va rédiger nos papiers de départ ! Pour la forme, nous lui demandons son accord et changeons de mouillage pour nous installer plus à l’ouest de l’île afin d’être mieux protégés du petit coup de vent d’est annoncé. Enfin seuls au mouillage, nous n’entendons plus le générateur de l’île et les navettes ne font plus des ronds dans l’eau autour du bateau. Peut-être pourrons nous chasser ou ramasser des langoustes ? 

Brigitte et Daniel, bateau Karkaïla nous rejoint au mouillage. Un autre coup de vent de 35 noeuds est venu nous secouer au mouillage, glissade sur glissage, l’ancre ne veut pas s’accrocher. Daniel, avec toute sa gentillesse nous a donné un coup de main pendant plus de deux heures pour remouiller le Dugong sous une pluie battante.

Nous passons plus d’une semaine ensemble à ramasser des langoustes sur la barrière de corail, visiter La Palma, faire le plein de fruits et de légumes à la Finca Escuela de Palma Rubia sans oublier les mojitos, le pastis et les bons petits plats préparés avec amour par Brigitte. 

Pour les futurs voileux, cette escale est bien sympathique même si la guardia est un peu trop présente….nous n’avons manqué de rien.  

 

Il est possible de faire une extension de visa à La Palma, 18 km de l’embarcadère de Palma Rubia, plus rapide que dans les grandes villes, et vous économisez une nuit de port à la marina Hemingway (50 CUC pour un 39 pieds) :

  • demander à la guardia l’autorisation de laisser votre bateau seul au mouillage ou négocié avec un autre bateau pour qu’il surveille le votre.
  • taxi boat : 15 CUC aller/retour par personne (nous n’avons payé que 10 CUC)
  • taxi 40 CUC aller/retour 
  • timbre : 25 CUC par personne
  • profiter du chauffeur pour acheter vos provisions : exemple poulet congelé 3,5 CUC, porc, se rendre à la Finca Escuela à Palma Rubia (pour 4 personnes : radis, salade, poivrons, persil, ciboulette, carottes, bettraves, 3,5 CUC le tout et tout est BIO). 
  • Dans les fincas des alentours 1 CUC de régime de banane…..tomates ….

Le Dugong et Karkaïla continuent l’aventure en direction des Bahamas en passant par Cayo Paraiso, Bahia Honda et la marina Hemingway à la Havana.

 

22° 55.229’N - 83° 26.255’ W - Cayo Paraiso - langoustes à gogo

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6,5 MN séparent ce joli mouillage de Cayo Levisa. La Pasa Tortuga n’offre pas beaucoup d’eau de 1,60 à 3 mètres. Mais avec un dériveur c’est « finger in the noise ». KarkaÏla a pris de l’avance et nous attend au mouillage pour un délicieux déjeuner de langoustes négociées aux pêcheurs. Ces hommes courageux qui s’aventurent en mer avec des "Engins Flottants Non Identifiés. Des chambres à air de camion servent de flotteurs, la structure est en bois de récupération, le plus souvent à la rame avec ou sans bâche faisant office de voile, quelques fois avec des moteurs à alcool de récupération. Deux personnes s’activent, une se fait tracter dans l’eau avec masque, palme et tuba, tandis que l’autre dirige la barque et stoppe dès que le nageur lâche la corde pour ramasser à la main les langoustes en pleine eau. Parfois ils bivouaquent en bordure de plage. Les bernards l’hermite se régalent des restes de leur repas en s’introduisant dans les têtes de poissons. On peut flâner sur la magnifique plage de sable blanc qui fait quasiment le tour du cayo où une libellule aux ailes rayées de noir prend la pose sur un filao. L’eau est chaude et translucide avec ses dégradés de bleu et de vert. Pour la nuit nous préférons nous abriter d’un vent de sud-est près de la mangrove à 22° 54.918’N - 83° 26.139’ W, face aux petites montagnes, la vue est superbe.

 

22° 57.863’N - 83° 09.345’ W - Bahia Honda - la baie des épaves 

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Pas très engageant de rentrée dans le chenal de cette baie qui présente sur notre tribord une incroyable et colossale épave éventrée en son centre. Quelle est son histoire ? La vue est plus douce sur notre bâbord où une petite baie laisse entrevoir une plage de sable blanc. 

 

Le poste de la guardia semble désert, les volets de la maisonnette sont fermés. Plus on avance et plus les épaves surgissent hurlantes de douleur. Ce cimetière pourrait en raconter des histoires, des anecdotes sur la vie des ses bateaux maintenant oubliés par 10 à 15 mètres de fond. Malgré tout l’environnement est reposant et verdoyant. Le guide nous conseille de nous rendre à l’Ensenada de Santa Teresa où nous retrouvons Karkaïla ancré au fond de la baie. Ce mouillage est confortable et bien abrité de tous les vents. La guardia étant absente nous en profitons pour débarquer et faire la connaissance des pêcheurs et des ostréiculteurs. Au fond de la baie la mangrove est parsemée de nombreux pieux qui supportent de petites huitres. Les hommes s’afférent à l’entretien du parc et aux ramassages tandis que les femmes les décortiques habilement pour les préparer à la vente dans une maison flottante bizarrement inclinée, fixée sur quatre grosses citernes. Elles nous offrent une dégustation de la récolte du jour. Ces huitres sont absolument délicieuses, fines et très iodées. 

 

Le village rural abrite une population accueillante et joviale qui vit de pas grand chose dans des maisons colorées et simples. Des animaux de basse-cour gambadent joyeusement dans leurs enclos. Deux chevaux servent à l’attelage. Pourquoi ne pas faire un tour en carriole ? Nous sommes quatre et le propriétaire nous propose d’y aller seuls et ne nous demande rien en contrepartie ! Non, non, pas question de conduite seuls l’attelage et nous ne pouvons pas tous nous assoir sur le banc. Les garçons laissent les filles avec le fils du propriétaire faire la ballade jusqu’au village de Blanca Rena situé à environ 45 minutes. Le chemin de terre est jalonnée de cannes à sucre avec pour toile de fond une chaines de montagnes peu élevée. Quelques maisons individuelles ainsi que des bâtiments de types H.L.M. de chez nous, de même facture que ceux de l’île de la Juventud sont à l’entrée du village qui est bien ordinaire : une école, un collège, un terrain de foot, des tiendas… les véhicules à moteur sont quasi inexistants. Sur le chemin du retour nous ramassons des tomates qui poussent amème le sol. Nous croisons d’autres carrioles et saluons de la main les travailleur. Un homme promène à la longe une vache qui s’échappe dans les champs. Quel calme, que cette ambiance est reposante. Pour remercier le propriétaire de la carriole nous lui offrons vêtements et un bout de cordage.

 

L’après-midi se passera à palabrer à l’arrière d’une maison où une mamy est en peine. Son fils est décédé il y a peu de temps ainsi que son mari qui n’a pas supporté la douleur. Elle apprécie notre visite, nous la sentons en joie. Nous offrons un masque de plongée pour son petit-fils, des vêtements. On boit le café. Patates douces et concombres nous sont offerts. Il y a un vrai partage, une honnêteté dans l’échange.

 

Mais il faut repartir en direction de la Havane. Nous n’oublieront pas nos hôtes. Merci !

 

 



28/02/2019
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